BTPL membre et acteur de European Dairy Farmers France : un réseau européen d’éleveurs
et d’acteur de la filière pour un partage de connaissance
European Dairy Farmers (EDF) est un réseau d’échanges de connaissances et d’expériences entre éleveurs et acteurs de la filière laitière. Créé en 1990 le club EDF compte désormais environ 460 membres dont 70 à 80% sont des producteurs laitiers issus de 23 pays européens. Des conseillers,
scientifiques et professionnels de la filière laitière participent également au réseau et animent les groupes d’éleveurs dans les branches nationales, comme le BTPL pour la branche Française. Ce réseau s’appuie sur un rapport unique de comparaison des coûts de production auquel 278 exploitations, représentant 16 pays, ont participé en 2021.
Les éleveurs adhèrent à EDF pour :
- Être en réseau avec d’autres éleveurs du même pays et leurs voisins européens,
- Devenir des gestionnaires bien dans leurs bottes,
- Préparer l’avenir sur leurs exploitations en découvrant de nombreuses stratégies possibles dans un esprit d’ouverture,
- Partager les expériences lors des rencontres régionales, nationales et internationales
- Comparer leur coût de production.
Le réseau en France
En France, les éleveurs du réseau European Dairy Farmers sont organisés en association loi 1901. Le Président EDF France est Kévin Rémy installé dans la Meuse.
En 2022, l’association compte 56 exploitations adhérentes à travers toute la France, dont une douzaine sont en agriculture biologique ou sous AOP.
Il n’y a aucune condition pour entrer dans l’association si ce n’est être producteur de lait !
Le BTPL est adhérent depuis les années 90 mais il est surtout un animateur actif du réseau français.
Les rencontres du réseau
Les adhérents EDF France se réunissent traditionnellement deux fois par an. L’une des rencontres porte sur l’analyse approfondie des coûts de production, outil cher au club EDF. Ainsi ils peuvent suivre l’évolution de leurs résultats, se comparer entre eux, soit sur des systèmes proches ou au contraire avec des exploitations différentes de France ou d’Europe. La particularité de la méthode EDF est d’aller jusqu’à la rentabilité horaire du travail. La seconde rencontre française permet d’aller à la découverte ou redécouverte des différentes régions de France, c’est le congrès EDF France. Durant cette rencontre se mêlent visites d’exploitation, travail en groupe, intervention en plénière avec ce fil rouge qu’est la convivialité ! En Janvier 2023, le groupe France ira en Bretagne.
Enfin, EDF c’est d’abord un réseau européen donc chaque année l’ensemble des adhérents du réseau ont la possibilité de se retrouver dans l’un des pays membres, à l’occasion du congrès Europe. En mars dernier, c’est l’Irlande qui accueille les congressistes, après deux années de pause en raison de la Covid19. Les éleveurs ont hâte de se retrouver et les Irlandais sont impatients de présenter les fortes évolutions et agrandissements qu’ont connus les élevages du pays ces dernières années. Une belle délégation Française fait le voyage, accompagnée de deux ingénieurs BTPL.
L’analyse des coûts de production
L’analyse et la comparaison des chiffres des exploitations laitières au sein des différents pays européens est le socle du réseau EDF. Ils sont détaillés au sein des pays membres pendant l’année et mis en lumière à l’échelle européenne lors du congrès annuel de juin.
En France, les éleveurs se sont réunis les 1er et 2 mars 2022 pour « parler chiffres », version 24 heures du Mans ! Au programme, la première demi-journée une analyse détaillée des résultats européens avec le regard éclairé de Steffi Wille-Sonk, animatrice du réseau Europe, venue spécialement d’Allemagne pour partager son expertise avec le groupe France. Il en est ressorti que le total de charges par vache (4030€/VL/an en France contre 4134€/VL/an en moyenne européenne) était plutôt élevé en France au regard de ses voisins européens, d’autant que la production par vache en France est parmi les plus faibles d’Europe (9277kgECM/VL/an en France contre 10091kgECM/VL en moyenne Europe). Les surcoûts observés en France semblent venir des investissements bâtiments.
Après une soirée conviviale permettant aux adhérents de se retrouver et d’échanger sur la filière laitière, les élevages, les enjeux… ils ont pu le lendemain se pencher plus spécialement sur les résultats du groupe France détaillés par les ingénieurs BTPL. Un travail en petits groupes sur l’utilisation des données CoP EDF dans la gestion et la stratégie des exploitations s’en est suivi, toujours animé par le BTPL. Finalement, les différents groupes ont mis en commun leurs idées et mis en avant l’intérêt des chiffres du réseau EDF avant de partager un déjeuner convivial et de repartir chez eux.
Que se passe-t-il en Europe ?
Le réseau EDF permet aussi de suivre le contexte laitier dans les différents pays européens. Ce qui est d’autant plus intéressant en ce début 2022 avec un contexte agricole en pleine évolution. Chaque début d’année un tour d’horizon des différents pays membres est réalisé, permettant de mettre en avant les problématiques de chaque pays, le dynamisme de la filière laitière et ses enjeux. Finalement cette année, les enjeux reposent sur trois thèmes : la disponibilité des ressources et moyens de production (surfaces, main d’oeuvre…), la réponse aux exigences réglementaires et des acheteurs (bien-être animal, environnement, diversification des laits, cahiers des charges) et aussi l’augmentation du prix des intrants. Ces thèmes sont plus ou moins présents partout en Europe avec parfois quelques écarts de contexte : en Hollande et en Belgique où la question foncière et les problématiques environnementales sont extrêmement fortes ; au Danemark et en Suède c’est l’évolution du prix des intrants et la disponibilité en aliments non-OGM qui sont au centre des préoccupations.
Il semble aussi que la collecte laitière connaisse des difficultés dans de nombreux pays d’Europe, pas seulement en France. L’Italie comme l’Irlande par exemple restent par contre des pays pour lesquels un développement de la production laitière fait toujours envie.
Plus récemment en France comme en Europe le contexte de Guerre en Ukraine impacte la disponibilité et le prix des matières premières agricoles et impactera aussi les productions agricoles de l’année 2022.
Si l’inflation est marquée partout en Europe et que certains produits risquent de manquer à l’appel dans les mois à venir, ce contexte pourrait-il faire remonter l’estime de l’agriculture auprès des consommateurs ?
Voici la question posée aux éleveurs EDF en ce début du mois de mai 2022. 65% des éleveurs EDF ayant répondu semblent dire que non, la crise
qui se profile n’impactera pas la perception des consommateurs vis-à-vis des productions agricoles…
En France les réponses sont assez mitigées.