Une étude menée par les équipes du BTPL en 2024 a mis en avant les résultats des trois dernières années dans les 512 élevages conventionnels sur toute la France d’Ecolait. Ecolait Pilot’ est l’outil d’analyse et de suivi de la production laitière développé par le BTPL, qui permet de révéler les tendances de la production laitière. Après plusieurs années de hausse (+6 % en 3 ans), une stabilité du volume de lait produit par exploitation en 2023 par rapport à 2022 (+1 %) a été observée. Cette étude dévoile certaines dynamiques qui méritent d’être examinées de plus près.
Les grandes tendances de la production laitière
- Stabilité du volume de lait
En 2023, le volume de lait atteint un plafond, cette stagnation fait suite à plusieurs années de hausse dues à une croissance du cheptel de vaches laitières (+3,2 vaches/exploitation depuis 2021) et une productivité accrue (+200 L par vache).
- Baisse de la production de lait par hectare
Malgré une augmentation de la surface allouée au troupeau laitier (+3 % sur 3 ans), la production de lait par hectare diminue d’année en année (-12 % sur 3 ans). Cet effet s’explique notamment par les rendements et la qualité des fourrages produits.
Les charges des exploitations laitières en mouvement
- Stabilité de la productivité de la main d’œuvre
L’efficacité de la main d’œuvre dédiée à l’atelier lait reste stable et la productivité de la main d’œuvre se situe à 499 366 L/UMO* lait.
- Hausse des charges opérationnelles
En 2023, les charges liées aux productions ont augmenté de 27 €/1000 L par rapport à 2022, notamment avec une hausse des coûts de la production fourragère et des concentrés.
Les frais de production fourragère ont augmenté de 7 €/ML, principalement du fait de la hausse du coût des engrais. La hausse des frais d’élevage (reproduction, vétérinaires, services …) s’élève à +4 €/ML.
En parallèle, le coût des concentrés suit une hausse de 14 €/ML en 2023. Entre 2021 et 2022, le coût de concentrés par ML avait déjà augmenté de +18 €/ML. Cette hausse s’explique par une augmentation du prix moyen des concentrés distribués de 6 % pour l’aliment de production, 8 % pour le correcteur azoté et 13 % pour le correcteur énergétique. Les quantités de concentrés distribués par vache et par jour ont également augmenté de 500 g, soit une hausse de +7 %.
La variabilité de qualité des fourrages dans certaines zones, ainsi que le prix du lait incitatif expliquent cette hausse des quantités distribuées. Pour 2024, le coût des concentrés devrait être moins élevé.
Quels sont les résultats ?
- Hausse du produit lait
Le produit lait s’élève à + 43 €/ML en 2023, tandis que le produit viande est resté stable (+ 1 €/ML).
- Marge brute positive
En 2023, comme en 2022, la hausse du prix des produits a surpassé celle des charges, entraînant une évolution positive de la marge brute de + 18 €/ML.
La même tendance est observée sur la marge brute par vache. Celle-ci est passée de 2 628 à 2 809 €/VL entre 2022 et 2023. Cependant, des différences locales sont observées.
Notons toutefois que les élevages les plus intensifs à la vache sont favorisés par la conjoncture actuelle, grâce à des prix du lait et un volume compensant largement les charges de concentrés plus élevées.
La stabilité du nombre d’UMO* rémunérée et l’augmentation du litrage produit par exploitation ont permis à la marge brute par UMO* lait rémunérée d’augmenter de 43 292 € sur 3 ans.
Ainsi, dans un contexte de stabilité du volume de lait produit par exploitation, l’étude des résultats d’Ecolait met en exergue une évolution positive de la marge brute par exploitation grâce à la hausse du prix des produits et en dépit d’une augmentation des charges.
Cependant, pour évaluer pleinement la performance technico-économique de l’atelier laitier, il est essentiel de compléter la marge brute par le prix d’équilibre de l’atelier lait. Ce prix est calculé pour couvrir l’ensemble des charges, qu’elles soient opérationnelles ou liées à la structure, ainsi que les annuités et la rémunération des associés.
* UMO lait : unité de main d’œuvre de l’atelier lait