Portugal : quand l’intensification laitière défie le changement climatique

Retour sur le congrès d’European Dairy Farmers 2025

Le congrès European Dairy Farmers* (EDF) s’est tenu fin juin à Povoa de Varzim, au Nord du Portugal. Plus de 350 éleveurs de 29 nationalités se sont réunis pour échanger sur les coûts de production et découvrir les particularités des élevages laitiers portugais.

Avec seulement 1,3 % de la production européenne, le Portugal, acteur modeste de la filière, surprend par des stratégies d’élevage intensives et rentables, fortement dépendantes de l’irrigation.

Avec 1,9 milliard de litres de lait produits, la production nationale ne couvre que 80 % de la consommation. Pourtant, le secteur affiche une réelle dynamique de croissance : les grands troupeaux de 200 à 400 vaches se développent rapidement, tandis que la productivité par vache progresse régulièrement pour rattraper les standards européens. Les 5 080 fermes laitières, concentrées dans le Nord autour de Porto, comptent en moyenne 42 vaches pour 8 878 litres par vache par an.

Face à la rareté des terres, les bâtiments d’élevage s’imbriquent au cœur des villages. Les rations sont standardisées : 80 % d’ensilage de maïs, 20 % d’herbe, complétés par 10 à 12 kg de concentrés par jour.
L’objectif est de maximiser le volume de lait par vache. Les taux de matière grasse et protéique ne sont pas une priorité, peu valorisés dans le système de paiement du lait local. Les élevages EDF atteignent ainsi 10 670 kg de lait corrigé/ vache/ an (données standardisées pour permettre la comparaison entre élevages). L’irrigation sécurise cette productivité avec des rendements fourragers de 30 tonnes de matière sèche par hectare.

Tous les bâtiments visités sont équipés de toitures isolées, de ventilateurs et parfois de systèmes de douchage. Ces investissements, soutenus par des aides importantes du Portugal, permettent de gérer le stress thermique croissant. En 2025, malgré des coûts de concentrés 1,5 fois supérieur au groupe EDF France, les exploitations affichent des profits intéressants grâce à une meilleure maîtrise des autres charges (fourrages, structure et main d’œuvre).

Le modèle portugais se révèle rentable dans un contexte réglementaire favorable. Pourtant, cette performance repose sur un équilibre fragile : sans accès à l’eau et face au changement climatique, la sécurité fourragère serait compromise. Une stratégie qui illustre les défis de l’élevage laitier européen de demain.

Ce congrès EDF a permis d’échanger sur ces enjeux communs à l’ensemble des éleveurs européens : adaptation au changement climatique, attractivité du métier et gestion de la main d’œuvre salariée. Des problématiques que le BTPL accompagne au quotidien à travers ses formations et son expertise technique auprès des éleveurs et des laiteries.

*European Dairy Farmers est un réseau d’échange de connaissances et d’expériences entre éleveurs et acteurs de la filière laitière. Le BTPL anime l’association EDF France et participe activement à la vie du réseau européen.