La Suède a accueilli le congrès annuel European Dairy Farmers en juin 2023. Cet évènement sur la thématique « Happy cows, happy farmers » a permis aux membres de l’équipe du BTPL de découvrir ou redécouvrir les fermes laitières suédoises et de les comparer aux autres pays européens. Que pouvons-nous en retenir ?
Cette année, les membres du réseau European Dairy Farmers se sont retrouvés à Skövde en Suède à l’occasion de son congrès annuel. Sur le thème « Happy cows, happy farmers », les conférences ont traité une variété de sujets complétée par des visites de fermes, et une présentation des résultats de coût de production des éleveurs du réseau.
La Suède, une terre de lait ?
La Suède est un pays typique par :
- Sa géographie : plus de 1500 km séparent le Nord du Sud pays ;
- Son pédoclimat : hivers rigoureux, jours longs en été, courtes saisons de production ;
- Sa structure agricole : seulement 10% de terres arables, et 69% de lacs et forêts.
Les exploitations laitières suédoises se distinguent par une automatisation très présente dans les exploitations : distribution automatisée de la ration, robots de traite… Ces équipements, complétés par des équipes salariées performantes, permettent à de nombreux éleveurs de se libérer du temps, entre autres pour des mandats professionnels.
La Suède valorise sa production agricole. Le pays souhaite renforcer la consommation de produits issus de sa propre agriculture. Par conséquent, de nombreuses aides gouvernementales soutiennent les filières agricoles notamment en encourageant la biodiversité et l’agriculture biologique.
Focus sur la production laitière en Suède
Avec une moyenne de 10 000 litres de lait produit par vache, l’élevage laitier en Suède se distingue par l’absence de maïs dans la ration. En effet, cette culture ne s’y est pas développée faute d’un climat adapté. L’ensilage d’herbe est donc le fourrage exclusivement utilisé pour l’alimentation des vaches laitières.
Pour corriger ces rations à base d’ensilage d’herbe, les céréales autoconsommées (blé, orge, avoine, seigle) sont présentes en mélange et en quantité parfois très importantes, 6kg/VL en moyenne, jusqu’à 10kg au pic de lactation. Dans certains élevages, un concentré protéique de type 38% de MAT (mélange du commerce ou colza) est à hauteur de 2 à 3kg de moyenne, et jusqu’à 5kg au pic.
La notion de bien-être animal est fondamentale pour la Suède. Précurseur dans ce domaine, le pays possède une règlementation stricte concernant les conditions de vie et d’abattage. Par ailleurs, de nombreuses maladies telles que l’IBR, la BVD, la tuberculose… sont à l’heure actuelle absentes du pays. Quant aux antibiotiques, leur usage est soumis à une stricte utilisation et nécessite l’intervention d’un vétérinaire.
En conventionnel comme en bio, les vaches doivent avoir accès à la pâture en été (de 2 mois au Nord à 4 mois au Sud du pays sont obligatoires), à raison de 6h/jour minimum avec des dérogations en cas de pluie ou de chaleur.
Comparaison des fermes suédoises aux membres de l’European Dairy Farmers
En 2023, 245 fermes issues de 18 pays ont participé à la comparaison européenne des coûts de production. Parmi elles, 204 fermes en conventionnel et 22 fermes en Bio, dont respectivement 30 et 13 exploitations Suédoises.
Ce que nous pouvons retenir :
- Les systèmes de production suédois sont coûteux : + 13% à la moyenne du groupe Europe (56,8ct€/kgECM* contre 50.2ct€/kgECM).
- La production a une rentabilité supérieure de 13% à celui du groupe Europe conventionnel.
- Le prix du lait marque est supérieur à la moyenne européenne (+2,6ct€/kg de lait).
- Le total d’aides et de subventions s’élève à près du double de la moyenne de l’Europe.
Ainsi, les systèmes Suédois du réseau EDF sont rentables. Cette année, les systèmes bio comme les conventionnels ont amélioré leur bénéfice d’entreprise de plus de 15ct€/kgECM.
* centime d’euros par kilo de lait corrigé produit aussi appelé lait standard