Tendances observées à partir des bilans Ecolait 2022

Résultats partiels observés en attendant la synthèse complète des bilans Ecolait 2022

L’évolution des résultats économiques est très contrastée entre les ateliers conventionnels, en nette amélioration, et les ateliers certifiés AB, pour partie (environ la moitié) en dégradation et pour partie en stagnation.

Du côté des charges :

  • Forte hausse du coût des carburants, d’ordre d’idée + 66%, tempérée par une moindre consommation (sécheresse = moins de récoltes) => poste carburants lubrifiants en hausse de 33 à 50 %
  • Hausse des travaux de récolte par tiers, tempérée par la réduction du nombre de récoltes, soit +15 à 20 % sur le poste
  • Multiplication par 3 du prix des engrais en cours de saison, mais réduction forte de la fertilisation de l’ordre d’un tiers, favorisée par la sécheresse et utilisation d’engrais achetés avant la forte hausse. Ce poste reste sensiblement à son niveau de 2021. Conséquences sur les teneurs en protéines des fourrages, souvent en baisse. Attention à l’effet retard : en 2023, utilisation d’engrais achetés à prix élevés mais variables (près de 2 fois plus chers en « morte saison » à l’été 2022 qu’au printemps 2023 !).
  • Pour compenser le déficit (prononcé dans l’Est de la France, inexistant en Bretagne) en fourrages produits en 2022 : par chance, ceux produits en 2021 ont souvent permis des reports de stocks. Mais des achats de fourrages ou co-produits ou la réduction des surfaces en cultures de vente ont été nécessaires pour abonder. Des achats en début d’année 2023 se sont produits également chez certains. Tarifs d’achats en très forte hausse. Dans la majorité des cas, il n’y a plus de stocks d’avance en 2023.
  • Forte hausse du prix des concentrés achetés et du coût de production des céréales auto-consommées. Ce poste monte chez les conventionnels de l’ordre de 20% en 1 an mais 35% en 2 ans, soit un impact de 20 à 25 € /Ml le plus souvent. En bio, avec un moindre recours aux concentrés et une part plus forte d’autoconsommation, poste en hausse de l’ordre de 10% en 1 an et 15% en 2 ans (soit +10 à +15 €/Ml). Les tarifs d’achat semblent se stabiliser début 2023. La baisse de certaines cotations ne s’est pas encore traduite sur le terrain.
  • Électricité : l’augmentation des tarifs de fin 2022 / début 2023 n’est pas encore ressentie sur l’année civile 2022. Elle le sera en 2023. Eau : augmentation des consommations (sources taries, canicules) et des tarifs ; poste en hausse de 20 à 25%.
  • Hausses générales pour la plupart des autres charges courantes : bâches pour ensilage, rubans pour enrubannage, services (véto, inséminations, contrôle laitier, parage,…), produits d’hygiène, entretien et réparations de matériels, assurances, comptabilité, …
  • Annuités : de nombreux projets d’investissements ont été repoussés compte tenu des incertitudes présentes tout au long de l’année. De ce fait, la charge d’annuités a légèrement baissé en moyenne en 2022. Une hausse est prévisible pour 2023 et suivantes au vu de la flambée des prix des matériels et équipements.

Du côté des produits :

  • Hausse inédite du prix du lait en conventionnel, tempérée dans l’Est France par une baisse des TB et TP (canicules + modération des apports de correcteurs protéiques + valeur amidon plus faible des maïs). En Bio, évolution variable suivant les collecteurs, de forte baisse à très légère hausse.
  • Volumes de lait produits : variations faibles en moyenne pour les conventionnels (à la hausse ou à la baisse suivant les régions), réduction un peu plus prononcée pour les bios (ordre d’idée – 3 %).
  • Forte hausse du prix de vente des réformes en cours d’année.  Produit viande global en progression de 15 à 20 % (soit impact proche de +15 €/Ml).
  • Aides exceptionnelles liées à la conjoncture et à la sécheresse, variables suivant les élevages, les régions : aides résilience, indemnités d’assurance, aides sécheresse.

Revenu disponible :

  • Au final, le revenu disponible par UMO progresse chez les conventionnels de 70 à 95%, en partant d’un niveau proche de 2 SMIC en moyenne. Dans ce contexte de forte augmentation des produits, les élevages les plus productifs ont plus progressé que les autres, surtout quand le volume produit a augmenté, malgré la flambée des prix des intrants.
  • Chez les bios en moyenne, le revenu disponible par UMO a tendance à suivre directement le prix du lait : stagnation ou légère progression dans les entreprises où le prix du lait s’est maintenu ou a légèrement progressé.  Mais individuellement, les différences sont importantes : dégradation nette là où le volume de lait produit a été en baisse malgré des achats de fourrages importants.

Michel Deraedt, pour l’équipe BTPL